
Crédits photo de couverture : Vestige d’un aérotrain © AmusingPlanet.com
C’est quoi l’aérotrain ?
L’aérotrain est un véhicule à grande vitesse glissant sur un coussin d’air au-dessus d’une voie spéciale en forme de T inversé. Il est propulsé par des turbines, des réacteurs ou des moteurs électriques linéaires, ce qui lui permet de se déplacer sans contact avec la voie, et donc sans frottement avec cette dernière. Son principe de fonctionnement emprunte aussi à la technique du monorail.
Pourquoi le projet a été abandonné ?
Ce projet a suscité l’enthousiasme d’une vingtaine de pays mais aussi celui du Président Pompidou et du maire de Los Angeles aux USA. Par ailleurs, il a bénéficié pendant un temps de l’appui des pouvoirs publics, notamment du Comité interministériel à l’Aménagement du Territoire (CIAT) qui l’avait choisi en 1967 pour assurer des dessertes de voyageurs sur des distances allant de 100 à 500 km à des vitesses de 250 à 300 km/h, caractéristiques qui en font le précurseur du TGV.
Mais alors, pourquoi le projet a-t’ il été abandonné ?
Diverses raisons se mêlent les unes aux autres, qui expliquent la préférence finale pour le TGV, développé en parallèle par la SNCF
- La mort du président Pompidou,
- le choc pétrolier de 1973, qui fera craindre pour la pérennité de l’Aérotrain, à propulsion thermique, et surtout le fait que le TGV, alimenté à l’électricité, puisse, à moindre vitesse mais à moindre frais, utiliser le tracé ferroviaire déjà existant : La voie, du type monorail, était incompatible avec les infrastructures ferroviaires existantes, ce qui était pénalisant pour les pénétrations dans les agglomérations, et entraînait des surcoûts de constructions.
- En juillet 1974, l’État français revient sur ses commandes engagées sur le projet construction d’une ligne commerciale entre La Défense et Cergy (cette ligne fut remplacée par la mise en service en 1988 de la branche A3 du RER A).
Prévue dans le cadre du futur axe Paris-Orléans, la ligne a été fermée en 1977 et n’a jamais été restaurée ni démantelée. La piste d’essai y demeure comme un vestige et un témoignage du train futuriste du 20e siècle.
Où sont situés ses vestiges ?
Le rail de l’Aérotrain est situé sur un viaduc en béton armé monté par pièces préfabriquées, qui va de Saran à Artenay, au nord d’Orléans (Loiret), dans la direction de Paris, sur près de vingt kilomètres. Elle traverse les régions naturelles de la forêt d’Orléans et de la Beauce et longe la N20 et la ligne de chemin de fer Paris – Bordeaux. Du sud au nord, elle franchit les routes départementales 102, 125, 5, 861 et 355.
Construit en 1968, longue de 18 kilomètres cette immense construction a servi pendant 5 ans aux essais du imaginé par Jean Bertin.
Bon à savoir : Le béton était coulé sur place à Chevilly et étuvé afin de gagner du temps lors du montage.

Crédits photo ©Photos archives NR

Crédits photo ©Photos archives NR
Qui en est le concepteur ?
Jean Bertin, ingénieur polytechnicien et père de l’Aérotrain fonde en 1955 la société Bertin et Cie. En 1957, un de ses ingénieurs, Louis Duthion, remet en évidence le phénomène d’« effet de sol ». Le brevet du coussin d’air est déposé le 17 janvier 1961. De 1963 à 1974, il se consacre à la conception et aux essais de l’aérotrain et plus particulièrement sur les modèles Expérimental 01, Expérimental 02, S-44, Tridim, I-80 et I-80HV.
Quelques dates clés :
- En 1966 une première piste d’essai en béton de 7 km est construite à Gometz-La-Ville. L’Aérotrain 01, porté par son coussin d’air, atteint la vitesse de 345 km/h. Cette piste existe toujours cependant, elle a été aménagée en piste cyclable.
- Le 22 janvier 1969, l’aérotrain atteint la vitesse record de 422 km/h sur la piste d’essai de Gometz contre 320 km/h qui est la vitesse moyenne de croisière actuelle des TGV.
- En 1969, la piste d’Orléans est créée. Il s’agit d’une voie construite sur un viaduc, pour empêcher la diminution de terres agricoles très prisées à l’époque. En conséquence, des monoblocs de béton de 120 mètres de long sont installés sur plusieurs piliers. Cette voie a principalement été utilisé pour tester les prototypes I80-250 et I80-HV, de 1969 à 1974. A ce jour, près de 900 piliers sont toujours debout, à défaut de quelques-uns démolis suite à la construction d’une autoroute, ou bien de rares situations accidentelles.
- Le 5 mars 1974, Le prototype I80-HV y a établit le record mondial de vitesse d’un transport guidé avec 430,4 km/h
- Le 21 décembre 1975 : Mort de Jean Bertin.
- En 1977, le projet est définitivement abandonné.
- Le 27 décembre 1977 dernier vol de l’aérotrain I80 HV.
- Le 17 juillet 1991, le prototype S44 est incendié dans le hangar de l’ancienne base d’essais de Gometz-la-Ville.
- En 2 mars 1992, le prototype de l’aérotrain I80, qui sommeillait dans les restes du hangar de la plateforme de Chevilly, est totalement détruit dans un incendie.
Véritable innovation de son époque, cet engin futuriste mi- avion mi- train a fait rêver de nombreuses personnes à travers le monde et continue encore au travers de l’association des Amis de Jean Bertin qui propose entre autres lors des journées du patrimoine des portes ouvertes pour présenter les prototype 01, 02 et TRIDIM restaurés pour le plus grand plaisir de leurs fans.
Au vu de cette description de l’aérotrain, on peut se demander s’il aurait été l’inspiration du projet d’Hyperloop d’Elon Musk.
Article rédigé par M. NOUNDJEU