
L’eau de pluie est une ressource précieuse, et par ces temps de sécheresses répétitives, il est indispensable de la préserver notamment dans le milieu urbain.
La ville de Paris a adopté en un plan brillamment mis au point afin de restaurer le cycle naturel de l’eau sur son territoire. L’imperméabilisation continue des sols parisiens et la régression des surfaces vertes portent préjudice à l’infiltration des eaux pluviales dans le sol, et, pendant les épisodes de fortes pluie et d’orages, les précipitations sont directement envoyées à l’égout. Ceci peut causer des inondations et constitue la cause principale de la pollution de la Seine.
Les eaux de pluie, lorsqu’elles sont envoyées directement à l’égout se mélangent avec les eaux usées et les eaux vannes : En période d’orage, un conduit déverse ce mélange dans le fleuve. Pour conséquence, la pollution de l’eau de la Seine et une compromission l’atteinte de l’objectif de baignade à l’horizon 2025.

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Le Paris Pluie en deux mots
Le principe du Paris Pluie est simple : Supprimer les rejets à l’égout des premiers millimètres de pluie. Pour cela, la pluie qui tombe sur une parcelle doit être directement gérée, infiltrée ou stockée dans la zone du terrain concerné.
La réussite de ce plan requiert une forte implication de la part des différents acteurs du monde de la construction. Sa prise en compte est alors nécessaire dans la construction des projets immobiliers, la rénovation du parc existant et l’aménagement des rues, espaces verts et quartiers.
Quelles dispositions ?
La végétalisation des toitures est la solution phare du Paris Pluie. L’infiltration de l’eau dans le sol dépend de sa perméabilité : les surfaces de béton devront s’éclipser pour céder place à des espaces végétalisés tels que des noues, des jardins, des toitures évapotranspirantes.
D’autres solutions permettent cependant de respecter les exigences du Paris Pluie, telles que la création de bassins de rétention enterrés.

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Le zonage pluvial
La nature du sol n’est pas la même d’un arrondissement à un autre, Paris a alors été découpé en six zones d’abattement ayant chacune une hauteur minimale de pluie, c’est-à-dire un volume d’eau à abattre en 24 heures. Elle se présente comme suit :

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Par exemple, pour une surface de parcelle de 400 m² en zone d’abattement renforcé, le volume d’abattement calculé est de 400m²*12 mm quotidien soit 4,8 m3.
Si pour des raisons techniques l’application n’est pas possible sur l’ensemble de la surface, comme dans le cas de l’existence d’une toiture accessible, un mode dérogatoire peut être appliqué : il s’agit de traiter un pourcentage de la surface de la toiture défini en fonction des zones d’abattement pour une pluie de 16mm.
Ainsi pour notre projet de 400 m², l’abattement passera à 0,8*16mm*400m² = 5,12 m3. Nous appelons ce mode le mode dégradé.
Afin de satisfaire le plan pluie, il sera donc indispensable de végétaliser une partie ou la totalité des surfaces des toitures.
La végétalisation des surfaces, quelles solutions ?
L’idée de végétaliser les bâtiments est très séduisante. Elle aura sans doute un impact positif sur la qualité de vie dans le milieu urbain, la réduction des ilots de chaleur dans la ville (si nécessaire avec la croissance continue des épisodes caniculaires), et pour aller plus loin, la création d’îlots de fraîcheur permettant de diminuer la température dans la métropole de 2°C à 3°C.
Si la végétalisation des toitures des bâtiments neufs est techniquement maîtrisée et peut être prise en compte dans les calculs de structure dès les premières phases de conception, l’enjeu est différent lorsqu’on aborde les bâtiments existants.
L’épaisseur de la terre, la nature de la terre et la surface que l’on souhaite couvrir a des impacts majeurs sur la structure : des renforcements structurels sont systématiquement requis. Quelles solutions ? Poteaux, poutres ou encore plats carbone. L’ajout de ces éléments de structure peuvent avoir une conséquence très élevée sur la hauteur sous-plafond des niveaux inférieurs et donc sur la qualité architecturale et technique du projet. Si la hauteur sous-plafond qui en résulte est très faible, ceci peut se traduire par une réduction des surfaces locatives pour les maîtres d’ouvrage : et avec les prix au m² à Paris, cette solution devient compliquée.
Et les bassins de rétention ?
Un bassin de rétention des eaux pluviales est une zone de stockage, souvent enterrée. Il permet de récupérer les eaux de pluie issues des surfaces imperméables dans une construction dans le but de la réutilisation de ces eaux pour satisfaire les besoins du bâtiment en eau non potable : Arrosage, alimentation de chasses d’eau etc.
Un bon dimensionnement des bassins de rétention peut permettre de supprimer les rejets aux égouts. Cette solution est donc naturellement plus adaptée aux projets de constructions neuves, aménagés sous forme d’ilots avec une surface centrale… Elle demeure cependant incontestablement compliquée à mettre en place dans les bâtiments existants parisiens.
Article rédigé par I. ELHADRI