
La construction et l’aménagement du territoire intervient régulièrement sur d’anciens terrains comprenant des activités parfois anciennes tel que des anciennes friches industrielles, ferroviaires et autres activités qui peuvent induire des pollutions. Cette occupation peut induire une pollution résiduelle encore présente dans le sol et son environnement direct ou indirect. Dès lors, il devient obligatoire de supprimer les polluants présents dans les différents environnements avant toute construction. Cela est également valable pour des projets de réhabilitation ; réhabilitation lourde, présence d’hydrocarbure, amiante….
Concernant la dépollution des sols, il existe différentes techniques, plus ou moins invasives, et certains procédés plus ou moins naturels, tel que ;
- Excavation des terres pour un traitement différé
- Traitement chimique in-situ
- Traitement ex-situ : via l’incinération, la désorption chimique, le tri granulométrique, la dépollution par lavage
- La dépollution biologique : via l’utilisation de bactéries ou de plantes (phytoremédiation)
Au vu des enjeux climatiques, il semble pertinent de se pencher sur les techniques de dépollution les plus naturelles, et plus particulièrement la phytoremédiation.
Kezako ?
Le terme de phytoremédiation est apparu dans les années 80, il fut plus largement étudié et utilisé courant des années 1990. Aujourd’hui, on peut également parler de phytotechnologie qui regroupe plusieurs techniques végétales pour résoudre des problèmes environnementaux plus larges.
La phytoremédiation est une technologie qui consiste à utiliser le métabolisme de certaines plantes et champignons pour accumuler, stocker, dégrader ou stabiliser des polluants présents dans les sols ou l’eau.
Grace à ce processus, il est possible d’avoir différentes actions dépolluantes :
- Décontamination des eaux usées
- Assainissement de l’air
- Dépollution des sols
Il est important de noter que la phytorémédiation comporte plusieurs sous actions telles que la phytodegradation , la phytoexactraction, la phytovotalisation. Cela correspond à l’action de différentes parties des plantes, respectivement les racines, les tiges, les feuilles.
Zoom sur la mise en œuvre de la phytoremédiation
La science avance depuis de nombreuses années sur ces techniques, et nous commençons seulement à en comprendre le fonctionnement et ses avantages ainsi que ses limites induites par la dépollution des sols via l’ingénierie végétale.
Chacune des techniques mentionnées précédemment comportent des avantages et des inconvénients :
Les avantages liés à ces techniques
- Il s’agit d’un processus naturel
- Permet de limiter la circulation de camions liés à l’acheminement des terres excavées contaminées dans les lieux où seront traitée les terres
- Cout du traitement plus faible et moins d’entretien
- Faible coût énergétique
- Respect de l’environnement
- Maintien de la structure des sols
Les inconvénients et les limites de ces techniques
- Une temporalité plus importante : de 3 à 10 ans
- La profondeur des traitements imités par le système racinaire
- Toutes les plantes ne sont pas adaptées au climat ou au type de polluant
- Efficacité peu variée en fonction des saisons
Quelques applications et exemples de projets
Au vu du contexte climatique actuel et des changements rapides qu’ils induisent, il est alors logique de réfléchir à des solutions moins énergivore et plus respectueuse de l’environnement.
A ce titre il existe quelques applications ou grands projets autour de la phytoremédiation.
Parc d’entreprises Saint Charles – Quebec

Crédits photo : A.Voicu. IRBV
Pendant plus de 100 ans, ce site a comporté une fonderie qui a enfoui plusieurs déchets dans le sol, entrainant un ruissellement des polluants dans le fleuve à proximité. Dans une optique de dépollution des sols, il fut installé une unité de traitement via l’action de l’évapotranspiration des Saules. Les plantations ont alors permis une décontamination de 95% de l’Azote Amniocal.
Le projet DEMETERRES
A la suite de l’accident de Fukushima en 2O11, une grosse quantité de terre fut polluée et évacuée pour traitement. Ainsi une volonté de traiter ses terres via de nouvelles techniques fut née.
Le Cea (avec d’autres entreprises) a réfléchi à un traitement de dépollution des terres via la phytoremédiation, et plus spécifiquement grâce à l’utilisation de mousse de flottaison pour en réduire la pollution au Césium.
Par exemple, certaines plantes se nourrissent du potassium dans le sol, pour certaines espèces il est possible de leur faire confondre le potassium avec le Césium dans un but de décontamination.
Le centre de recherche pousse alors les réflexions autour de la décontamination des sols via des plantes « hyper-accumulatrice ».
L’une des plantes retenues pour le traitement des pollutions nucléaires est le riz ayant subi des mutations. Effectivement, ce riz modifié va être mis en place sur des terres polluées autour de Fukushima pour étoffer les connaissances et leur adaptabilité a l’environnement.
Il est important de noter que ces réflexions sont aujourd’hui encore au stade de la recherche et de ce fait est amené à évoluer et améliorer à travers les années et les retours d’expériences.
Ainsi les réflexions autour de la dépollution via les plantes et autres organismes naturels est devenu un enjeu crucial pour certains pays et autres régions, et représentent des innovations importantes pour le secteur de la construction au vu de la situation environnementale changeante.
Article rédigé par Renaud C.